jeudi 27 octobre 2011

Les sépulcres blanchis


Croisade pour la prière dans les lieux civiques, collision entre la pratique religieuse et la démocratie, confusion entre place publique et espace civique, Saguenay est devenue La Mecque de l’intégrisme catholique et la Tripoli de la dictature municipale. Jean Tremblay, avec la complicité servile des conseillers municipaux et la bénédiction de l’évêque du diocèse lui-même, cumule sans partage le pouvoir religieux et le pouvoir laïque, au nom du dogme catholique et de la guerre électorale.

Nous vivons une lutte de pouvoir sur fond de guerre de religiosité. L’histoire nous apprend bien des choses au sujet des guerres de religion et des croisades qu’elles génèrent. Dans toutes les croisades, qu’elles soient catholiques, islamiques ou judaïques, la recherche de la puissance et du pouvoir prime sur tout. Le chaos se répand, les opportunistes revêtent le masque des prophètes, squattent le pouvoir et les lieux de parole et entretiennent l’ignorance.  Le peuple se divise, s’entredéchire, s’automutile. Les plus vieux s’inquiètent, de plus jeunes s’indignent, d’autres cherchent les repères dans le brouillard des sophismes de leaders autoproclamés comme notre messianique maire.

Jean Tremblay entretient la confusion, mélange tout, surtout pour ménager ses propres intérêts. Il nous présente comme valeurs religieuses et culturelles des dogmes qui concernent le pouvoir, la puissance. Le dogme n’est pas une valeur, mais une loi qui impose une « vérité » qui conforte le pouvoir, religieux comme politique. Ici comme ailleurs, la jouissance du pouvoir est une des formes les plus insidieuses de la concupiscence, de la vanité qui en découle et de la suffisance qui l’accompagne.

Chez nous, un homme, Jean Tremblay, réussit à imposer son pouvoir en jouant sur les deux registres. Profitant du désarroi du système religieux catholique, il part en croisade en faisant jouer son pouvoir laïc. Tout cela avec la prétention vaniteuse d’être l’élu, celui du peuple comme celui de Dieu. Voilà pourquoi il s’abreuve avec autant d’avidité aux dogmes, rites et coutumes, et qu’il ignore avec tant d’acharnement les règles démocratiques du gouvernement municipal.

Laissons parler Jésus lui-même. « Malheur à vous, docteurs de la loi et pharisiens hypocrites, qui êtes semblables à des sépulcres blanchis, qui au dehors paraissent beaux, mais qui au dedans sont pleins d’ossements de morts et de toute sorte de pourriture. Ainsi au dehors vous paraissez justes aux yeux des hommes, mais au dedans vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité. Malheur à vous, docteurs de la loi et pharisiens hypocrites, qui payez la dîme (…) pendant que vous négligez ce qu’il y a de plus important dans la Loi, la justice, la miséricorde et la foi. » (Mathieu)

mercredi 14 septembre 2011

Forcer la communication

Nous vivons dans une société qui encourage de plus en plus un individualisme réducteur, le chacun pour soi, qui valorise l’égocentrisme sous le couvert de la valorisation personnelle. Cette tare contemporaine est largement répandue dans bien des secteurs sociaux, bien alimentée par les mass média et la publicité qui conditionnent les mentalités à la société de consommation. On voit même apparaître de savantes théories dans le domaine de l’éducation, de la santé, de la culture et de la politique qui, avec des mots très spécialisés, justifient la mise en place de lois, de règles et de structures qui servent d’abord les intérêts financiers ou particuliers de compagnies, de corporations ou de groupes organisés. De plus en plus de spécialistes dans un nombre croissant de domaines donnent de plus en plus de services dans une société de plus en plus réglementée, compartimentée. Chacun dans son petit rôle, sa fonction, sa spécialité, au service du citoyen impotent, ce consommateur, ce bénéficiaire, ce client, ce numéro. Quand vient le temps de résoudre collectivement les paradoxes et les problèmes de la société qu’on pousse à grand frais vers la déshumanisation et l’égocentrisme de la consommation, les groupes d’intérêt de tout acabit s’emparent de la tribune des médias et dictent la communication publique. Les experts entonnent le chant cacophonique de la diversion pour défendre leurs intérêts en prônant le bien collectif. Pendant ce temps, le bon sens agonise dans la vie quotidienne du peuple, qu’on maintient dans la dépendance en cultivant son ignorance.

Voilà pourquoi, il faut provoquer la communication, car elle est l’instrument premier de la catharsis individuelle et collective. La communication force le besoin criant de mise en commun, de mise en relation, brise l’isolement, crée un pont entre les solitudes, prépare la solidarité. La communication informe, éclaire, nourrit, renforce, renouvelle, rend plus libre. Créer la communication, c’est mettre en situation, remettre en question, amener l’ouverture, aider, aimer.

jeudi 18 août 2011

Faire avancer le Québec


Le Québec traverse une période intense de remise en question. Une crise de confiance grave qui induit de douloureuses prises de conscience.

Elle se manifeste à travers les fortes turbulences au sein des milieux politiques, par l’énorme pression qu’exercent sur des finances publiques déjà fragiles les besoins urgents d’investissements dans les services publics et les infrastructures, dans les constats troublants sur la transparence et l’intégrité d’une gouvernance et d’élus perméables aux influences d’intérêts éloignés du bien commun, à travers les problèmes collectifs, dont la crise identitaire, qu’exacerbent les médias dans leur couverture de l’actualité. Il est évident que le Québec traverse une crise de confiance majeure qui nous forcera tôt ou tard à faire des choix fondamentaux pour continuer d’avancer.

Heureusement, cette crise est ouverte, reconnue et débattue dans l’espace public québécois. Il s’agit là d’un signe très rassurant d’une société globalement saine, vivante et démocratique. Cela ne garantit pas, bien sûr, qu’elle réussira à passer au travers ou qu’elle en sortira indemne.

En raison des clivages qui caractérisent toute société, tout un chacun a tendance à percevoir et résoudre la crise partiellement et donc partialement, à sa façon, selon son milieu d’intérêt, son secteur, son domaine d’expertise, ses opinions politiques. Si plusieurs des aspects qui provoquent et alimentent la crise sont endogènes, propres à ce qu’on appelle le modèle québécois, d’autres par ailleurs sont liés aux multiples facettes de la mondialisation. Tout aussi importants, ils sont surtout débattus et traités par le gouvernement canadien, souvent en contradiction avec les intérêts québécois. Pour réagir efficacement aux influences extérieures, le Québec est souvent impotent car il n’a pas développé les réflexes d’un pays souverain.

La gravité de la situation interpelle donc tous les acteurs sociaux, particulièrement nos leaders politiques de toute appartenance et idéologie. Malheureusement, empêtrés dans leurs conflits internes et en lutte contre leurs adversaires, divisés par leur recherche du pouvoir ou simplement accaparés par leur charge de travail, nos élus peinent pour la plupart à élever leur esprit à une hauteur suffisante pour qu’apparaissent les intérêts supérieurs du Québec. Le sens de l’histoire les y convie pourtant. Ils doivent réagir. L’heure est à la responsabilisation dans le nous collectif. Ce nous collectif, à travers le peuple, doit se nommer, exprimer ses besoins, faire entendre ses aspirations, se tourner vers l’avenir.

Par quels moyens ? Que ce soit par une large consultation populaire, des états généraux, une commission parlementaire itinérante, une commission d’enquête, le moyen est finalement secondaire s’il est efficace. Ce qui importe c’est une démarche qui nous mobilisera tous ensemble dans une attitude libératrice vers l’action collective créatrice. Sur la base d’un consensus : le Québec doit faire un grand pas en avant qui déterminera son avenir.

Justement, dans quelle direction le Québec doit-il avancer ? Comme toutes les communautés dans le monde, il doit faire ses choix à partir de deux axes nécessairement interdépendants, complémentaires et consécutifs. Celui qui s’inscrit avec cohérence dans son histoire, qui lui donne l’indispensable perspective, et celui qui garantit sa cohésion dans l’avenir, qui ouvre une prospective rassembleuse. Inévitablement, le débat collectif portera sur les routes qu’il doit emprunter et les destinations qu’il doit rechercher. Je propose la carte routière suivante…

Premièrement, tout cheminement collectif doit s’articuler autour du maintien, de la consolidation et du renforcement de la société francophone (et non pas uniquement la langue) qu’est le Québec. Cela implique la reconnaissance explicite d’un tronc commun identitaire qui puise ses racines dans l’histoire, qui a pris un caractère distinctif et exclusif dans son développement endogène, lui-même enrichi de l’apport extérieur.

Deuxièmement, cette société particulière se caractérise par une présence influente du seul état francophone d’Amérique, dont le gouvernement exerce un rôle rassembleur et interventionniste dans les principaux secteurs de l’activité collective, la culture, l’éducation, les affaires sociales et l’économie en étant les plus importants.

Troisièmement, cette société reconnait la contribution historique et le rôle social de la communauté anglophone québécoise et tient compte de l’environnement anglo-saxon de l’Amérique du Nord.

Quatrièmement, cette société met l’emphase sur la répartition de la richesse, la laïcité de la sphère civique, la liberté religieuse, l’égalité entre les hommes et les femmes.

Cinquièmement, cette société accorde une importance primordiale à l’exploitation équilibrée et au développement harmonieux de son territoire et de ses ressources.

Sixièmement, cette société s’approprie et développe les instruments collectifs pour progresser, poursuivre sa route, et participer selon ses intérêts et ses valeurs aux affaires mondiales.

Septièmement, cette société s’ouvre sur l’extérieur et accueille le monde dans un esprit de partage, de fraternité, de justice et d’évolution de l’humanité.

Voilà une feuille de route qui peut nous amener bien loin. Jusqu’à la souveraineté ?

Pas nécessairement si nos voisins canadiens, tout d’un coup et de façon inattendue, comprenaient ce que, pour une bonne fois, nous exprimerions clairement. Si nécessaire dès lors qu’ensemble, lucidement, avec sagesse et fierté, nous décidions de nous accomplir pleinement.


mardi 7 décembre 2010

Délivrez-nous du maire

Notre Père qui êtes aux cieux
Que le maire soit sanctionné
Que la fin de son règne arrive
Sa compétence est surfaite sur la terre comme au conseil
Donnez-nous aujourd’hui la force citoyenne
Ne pardonnons pas ses offenses à ceux qui l’ont critiqué
Succombons à la tentation de voter contre lui,
Et délivrez-nous du maire.
Ainsi soit-il.

lundi 15 novembre 2010

Le juste milieu

Prenant prétexte du désintérêt populaire de la question nationale, le Québec se paie ces temps-ci un débat sur la droite et la gauche. En toile de fond, l'omniprésence de l'État dans nos vies. La droite, c'est moins d'État, plus de liberté individuelle, la gauche c'est l'État interventionniste selon le modèle social-démocrate.

En ce qui me concerne, différencier la droite de la gauche par l'importance de la présence de l'État est un débat vieillot et inutile qui nous écarte des nouveaux enjeux créés par la mondialisation. Comment en effet qualifier la Chine moderne, un état dirigiste et omnipotent qui joue sur le même terrain économique que les plus ardents capitalistes occidentaux. Comment qualifier les gouvernements, dont le nôtre, qui ont injecté massivement des fonds publics pour sauver les milieux financiers de la faillite. Comment qualifier le gouvernement russe bien installé dans une gouvernance rigide, presque impériale, tout en ouvrant les vannes d'un capitalisme débridé.

Il est bien de se préoccuper de déficit, de dette publique, de lourdeur de l'état, de bureaucratie paralysante, des impôts trop lourds. Il est tout aussi valable de combattre l'évasion fiscale, la corruption, l'écart grandissant entre riches et pauvres. Dans ces cas comme dans les autres, il est futile de tergiverser sur les vertus de la gauche ou les bienfaits de la droite pour régler les problèmes. Car nous sommes en face d'injustices, d'inéquités, d'anomalies, de déséquilibres, d'incohérences, d'excès. Normalement, nous devrions rechercher l'équilibre, la justice, l'égalité des chances, des services de qualité, de la prospérité, de l'humanisme, l'accomplissement spirituel. Nous sommes alors sur le terrain de la démocratie.

Les extrémistes les plus dangereux ne sont pas nécessairement ceux de la droite ni ceux de la gauche, mais plutôt ceux qui se sont écartés de leur centre intérieur. Ce centre intérieur qui, bien inspiré et nourri par les valeurs mentionnées, recherche et valorise la voie du juste milieu.

vendredi 29 octobre 2010

Le pouvoir et la souveraineté

Quoiqu'on dise, quoiqu'on fasse, comme l'a déclaré en substance dans des circonstances solennelles Robert Bourassa à l'Assemblée nationale au lendemain de l'échec historique du Lac Meech, le Québec, aujourd'hui et pour toujours, est une nation distincte, libre de ses choix, capable d'assumer son destin.

Dans l'histoire moderne, cette liberté de choix s'est exercée pour les Québécois à deux reprises. En 1980 sous Lévesque et en 1995 sous Jacques Parizeau.

Dans les deux cas, porté par la force charismatique de ses leaders, le Parti Québécois avait pris le pouvoir après avoir présenté clairement en campagne électorale le projet du pays, le parcours qui devait mener au référendum et les implications d'un vote positif. Dans les deux cas, l'échec du référendum n'empêcha pas le PQ de conserver le pouvoir à l'élection suivante grâce à ses leaders (Lévesque en 1981 et Bouchard en 1998) et aussi grâce à la tradition politique des deux mandats.

Par contre, le PQ, sous PIerre-Marc Johnson en 1985 et Bernard Landry en 2003, a échappé le pouvoir après avoir remplacé des premiers ministres démissionnaires et s'être "enfargé" après coup dans des pirouettes sémantiques pour ne pas affronter "sa question qui tue", la raison de son existence, la souveraineté. La défaite qui a suivi à chaque fois a provoqué des crises internes au sein du parti. À l'évidence, celle qui secoue le PQ depuis le départ irréfléchi de Bernard Landry est profonde, existentielle même.

On croyait que l'arrivée d'André Boisclair annonçait le retour du balancier souverainiste et l'éventualité d'un référendum. C'était sans compter les dissensions profondes au sein du parti qu'avait d'ailleurs exacerbé la vanité de Bernard Landry. La campagne électorale fut un fiasco. Depuis, le PQ de Pauline Marois jongle plus que jamais avec les mots et recycle l'étapisme pour éviter que la promotion de son option fondamentale nuise à ses chances de reprendre le pouvoir. Les sondages récents montrent qu'il est loin d'en être assuré, et qu'il risque de perdre sur tous les plans.

C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre l'intervention lucide de Jacques Parizeau, qui rappelle que les principaux défis ne sont pas du côté de la sémantique ou de la stratégie partisane, mais portent plutôt sur la clarté, la rigueur et l'engagement dans la cause de la souveraineté. Il faut proposer un projet, présenter une démarche et l'expliquer en campagne électorale. Voilà la marche à suivre si on veut réconcilier l'option souverainiste et la recherche du pouvoir. Quitte à s'y essayer quelques fois et à changer de leader pour enfin y parvenir.

Quoiqu'on dise, quoiqu'on fasse, a-t-on la volonté d'être ce qu'on est et la force pour l'assumer ? Sinon, il y aura bien de la place pour d'autres partis, d'autres options. Chacun pourra choisir entre son engagement et sa carrière.

jeudi 14 octobre 2010

Pouvoir, démocratie et vanité

Le solide dossier noir de l’information municipale que vient de rendre public la section régionale de la FPJQ démontre hors de tout doute que le maire de Saguenay outrepasse ses fonctions démocratiques en exerçant le pouvoir d’une manière qui a toutes les formes du potentat (réf. personne qui use de son pouvoir de façon despotique; tyran).

En gros, Jean Tremblay soutient qu’il n’a de comptes à rendre qu’aux citoyens lors des rendez-vous électoraux. Entre-temps, il impose son pouvoir à la démocratie municipale en évacuant tout débat public et organisé qui questionnerait le sens, la pertinence et la portée de ses décisions. Quoiqu’il puisse en dire, ce système de gouvernance dessert les intérêts fondamentaux de la ville.

Le maire multiplie les sophismes pour nous convaincre du contraire. Un de ses plus efficaces porte sur le concept d’opposition qu’il a réussi à introduire dans l’opinion publique, en utilisant d’ailleurs abondamment les médias pour y arriver. Ainsi, quiconque, groupe, organisme ou citoyen, qui questionne, remet en cause ou critique l’administration municipale devient un « opposant », un adversaire, un ennemi du bien commun incarné dans sa toute puissance. Tout questionnement, toute critique devient alors une manifestation d’opposition, une attaque intentionnelle et personnelle contre le maire lui-même.

À cet égard, le rapport de la FPJQ déborde largement la question, évidemment cruciale sur le plan démocratique, du droit du public à une information juste, complète et accessible. Pour ceux et celles qui ne pouvaient ou ne voulaient pas voir, il jette aussi un éclairage cru mais combien révélateur sur le type d’administration qui gouverne Saguenay. Nous sommes en présence d’un système de gouvernance basé sur l’exercice d’un pouvoir totalitaire, qui utilise abondamment la désinformation, l’omerta, le chantage, la menace et la poursuite judiciaire. Un système qui utilise aussi systématiquement et abondamment les ressources publiques pour soumettre les conseillers, s’allier des complices et forcer les leaders socio-économiques à faire patte blanche s’ils veulent accéder au pactole.

Depuis la création de Saguenay, ce système de gouvernance s’est bien enraciné dans l’administration municipale. Même si les citoyens sont favorisés par une taxation foncière qui profite largement des commerces et de la grande entreprise, l’administration Tremblay a créé Promotion Saguenay, son bras économique, indépendant du conseil municipal, afin d’harnacher d’énormes fonds publics vers des projets qui satisfont les fantasmes d’apprentis développeurs, plus englués dans leur vanité que soucieux de l’intérêt public.

Avec comme résultat que Saguenay est la ville de 100,000 habitants et plus qui dépense le moins per capita ($400) pour ses services aux citoyens. Les millions sont ailleurs, politiquement blanchis par le messie municipal.