mardi 7 décembre 2010

Délivrez-nous du maire

Notre Père qui êtes aux cieux
Que le maire soit sanctionné
Que la fin de son règne arrive
Sa compétence est surfaite sur la terre comme au conseil
Donnez-nous aujourd’hui la force citoyenne
Ne pardonnons pas ses offenses à ceux qui l’ont critiqué
Succombons à la tentation de voter contre lui,
Et délivrez-nous du maire.
Ainsi soit-il.

lundi 15 novembre 2010

Le juste milieu

Prenant prétexte du désintérêt populaire de la question nationale, le Québec se paie ces temps-ci un débat sur la droite et la gauche. En toile de fond, l'omniprésence de l'État dans nos vies. La droite, c'est moins d'État, plus de liberté individuelle, la gauche c'est l'État interventionniste selon le modèle social-démocrate.

En ce qui me concerne, différencier la droite de la gauche par l'importance de la présence de l'État est un débat vieillot et inutile qui nous écarte des nouveaux enjeux créés par la mondialisation. Comment en effet qualifier la Chine moderne, un état dirigiste et omnipotent qui joue sur le même terrain économique que les plus ardents capitalistes occidentaux. Comment qualifier les gouvernements, dont le nôtre, qui ont injecté massivement des fonds publics pour sauver les milieux financiers de la faillite. Comment qualifier le gouvernement russe bien installé dans une gouvernance rigide, presque impériale, tout en ouvrant les vannes d'un capitalisme débridé.

Il est bien de se préoccuper de déficit, de dette publique, de lourdeur de l'état, de bureaucratie paralysante, des impôts trop lourds. Il est tout aussi valable de combattre l'évasion fiscale, la corruption, l'écart grandissant entre riches et pauvres. Dans ces cas comme dans les autres, il est futile de tergiverser sur les vertus de la gauche ou les bienfaits de la droite pour régler les problèmes. Car nous sommes en face d'injustices, d'inéquités, d'anomalies, de déséquilibres, d'incohérences, d'excès. Normalement, nous devrions rechercher l'équilibre, la justice, l'égalité des chances, des services de qualité, de la prospérité, de l'humanisme, l'accomplissement spirituel. Nous sommes alors sur le terrain de la démocratie.

Les extrémistes les plus dangereux ne sont pas nécessairement ceux de la droite ni ceux de la gauche, mais plutôt ceux qui se sont écartés de leur centre intérieur. Ce centre intérieur qui, bien inspiré et nourri par les valeurs mentionnées, recherche et valorise la voie du juste milieu.

vendredi 29 octobre 2010

Le pouvoir et la souveraineté

Quoiqu'on dise, quoiqu'on fasse, comme l'a déclaré en substance dans des circonstances solennelles Robert Bourassa à l'Assemblée nationale au lendemain de l'échec historique du Lac Meech, le Québec, aujourd'hui et pour toujours, est une nation distincte, libre de ses choix, capable d'assumer son destin.

Dans l'histoire moderne, cette liberté de choix s'est exercée pour les Québécois à deux reprises. En 1980 sous Lévesque et en 1995 sous Jacques Parizeau.

Dans les deux cas, porté par la force charismatique de ses leaders, le Parti Québécois avait pris le pouvoir après avoir présenté clairement en campagne électorale le projet du pays, le parcours qui devait mener au référendum et les implications d'un vote positif. Dans les deux cas, l'échec du référendum n'empêcha pas le PQ de conserver le pouvoir à l'élection suivante grâce à ses leaders (Lévesque en 1981 et Bouchard en 1998) et aussi grâce à la tradition politique des deux mandats.

Par contre, le PQ, sous PIerre-Marc Johnson en 1985 et Bernard Landry en 2003, a échappé le pouvoir après avoir remplacé des premiers ministres démissionnaires et s'être "enfargé" après coup dans des pirouettes sémantiques pour ne pas affronter "sa question qui tue", la raison de son existence, la souveraineté. La défaite qui a suivi à chaque fois a provoqué des crises internes au sein du parti. À l'évidence, celle qui secoue le PQ depuis le départ irréfléchi de Bernard Landry est profonde, existentielle même.

On croyait que l'arrivée d'André Boisclair annonçait le retour du balancier souverainiste et l'éventualité d'un référendum. C'était sans compter les dissensions profondes au sein du parti qu'avait d'ailleurs exacerbé la vanité de Bernard Landry. La campagne électorale fut un fiasco. Depuis, le PQ de Pauline Marois jongle plus que jamais avec les mots et recycle l'étapisme pour éviter que la promotion de son option fondamentale nuise à ses chances de reprendre le pouvoir. Les sondages récents montrent qu'il est loin d'en être assuré, et qu'il risque de perdre sur tous les plans.

C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre l'intervention lucide de Jacques Parizeau, qui rappelle que les principaux défis ne sont pas du côté de la sémantique ou de la stratégie partisane, mais portent plutôt sur la clarté, la rigueur et l'engagement dans la cause de la souveraineté. Il faut proposer un projet, présenter une démarche et l'expliquer en campagne électorale. Voilà la marche à suivre si on veut réconcilier l'option souverainiste et la recherche du pouvoir. Quitte à s'y essayer quelques fois et à changer de leader pour enfin y parvenir.

Quoiqu'on dise, quoiqu'on fasse, a-t-on la volonté d'être ce qu'on est et la force pour l'assumer ? Sinon, il y aura bien de la place pour d'autres partis, d'autres options. Chacun pourra choisir entre son engagement et sa carrière.

jeudi 14 octobre 2010

Pouvoir, démocratie et vanité

Le solide dossier noir de l’information municipale que vient de rendre public la section régionale de la FPJQ démontre hors de tout doute que le maire de Saguenay outrepasse ses fonctions démocratiques en exerçant le pouvoir d’une manière qui a toutes les formes du potentat (réf. personne qui use de son pouvoir de façon despotique; tyran).

En gros, Jean Tremblay soutient qu’il n’a de comptes à rendre qu’aux citoyens lors des rendez-vous électoraux. Entre-temps, il impose son pouvoir à la démocratie municipale en évacuant tout débat public et organisé qui questionnerait le sens, la pertinence et la portée de ses décisions. Quoiqu’il puisse en dire, ce système de gouvernance dessert les intérêts fondamentaux de la ville.

Le maire multiplie les sophismes pour nous convaincre du contraire. Un de ses plus efficaces porte sur le concept d’opposition qu’il a réussi à introduire dans l’opinion publique, en utilisant d’ailleurs abondamment les médias pour y arriver. Ainsi, quiconque, groupe, organisme ou citoyen, qui questionne, remet en cause ou critique l’administration municipale devient un « opposant », un adversaire, un ennemi du bien commun incarné dans sa toute puissance. Tout questionnement, toute critique devient alors une manifestation d’opposition, une attaque intentionnelle et personnelle contre le maire lui-même.

À cet égard, le rapport de la FPJQ déborde largement la question, évidemment cruciale sur le plan démocratique, du droit du public à une information juste, complète et accessible. Pour ceux et celles qui ne pouvaient ou ne voulaient pas voir, il jette aussi un éclairage cru mais combien révélateur sur le type d’administration qui gouverne Saguenay. Nous sommes en présence d’un système de gouvernance basé sur l’exercice d’un pouvoir totalitaire, qui utilise abondamment la désinformation, l’omerta, le chantage, la menace et la poursuite judiciaire. Un système qui utilise aussi systématiquement et abondamment les ressources publiques pour soumettre les conseillers, s’allier des complices et forcer les leaders socio-économiques à faire patte blanche s’ils veulent accéder au pactole.

Depuis la création de Saguenay, ce système de gouvernance s’est bien enraciné dans l’administration municipale. Même si les citoyens sont favorisés par une taxation foncière qui profite largement des commerces et de la grande entreprise, l’administration Tremblay a créé Promotion Saguenay, son bras économique, indépendant du conseil municipal, afin d’harnacher d’énormes fonds publics vers des projets qui satisfont les fantasmes d’apprentis développeurs, plus englués dans leur vanité que soucieux de l’intérêt public.

Avec comme résultat que Saguenay est la ville de 100,000 habitants et plus qui dépense le moins per capita ($400) pour ses services aux citoyens. Les millions sont ailleurs, politiquement blanchis par le messie municipal.

dimanche 5 septembre 2010

La philosophie de l'ego et la psychologie de l'âme

La psychologie est en quelque sorte la philosophie de l'ego et la philosophie la psychologie de l'âme. L'une, la psychologie, est unidimensionnelle dans la mesure où elle ramène tout à soi. L'autre, la philosophie, est intemporelle et interpelle la place de l'individu dans l'univers. Si la psychologie a pris toute la place depuis quelques décennies, c'est sans doute que l'individualisme, nourri grassement par les fantasmes capitalistes de la consommation, s'est donné des airs de vertu dans la valorisation personnelle.

Sans l'éclairage de la philosophie, la psychologie embourbe l'esprit humain dans les calculs du relatif et du mesurable en lui donnant des airs scientifiques. Elle entretient aussi un univers compétitif et subventionné qui fait tourner le milieu de la recherche médicale et de l'industrie pharmaceutique, le marketing social et le développement économique. Par contre, lorsqu'elle est supportée par une recherche authentique, elle est un outil indispensable pour guider le cheminement personnel.

Parce qu'elle interroge le sens de la vie individuelle dans le monde et le collectif, la philosophie ouvre naturellement l'esprit humain au phénomène de la transcendance, qui se manifeste habituellement dans les religions et les philosophies humanistes. Toutefois, cet engagement prend souvent la forme d'un radicalisme idéologique comme on peut le constater dans les comportements extrémistes que nous rapporte l'actualité internationale.

Idéalement donc, l'un doit s'intégrer à l'autre. Ce qui est loin d'être le cas bien sûr. Il y a encore des éléments qui nous échappent.

J'ai choisi pour ma part la grande voie du yoga, qui puise à toutes les sources, nous amène à la spiritualité, par la discipline de l'ego, la connaissance de soi, la conscience de Soi, et l'identification à l'Esprit.

vendredi 23 avril 2010

Le test

Plus qu'une compétition entre deux projets de salle de spectacle, il faut voir la consultation populaire qui se tiendra le 6 juin à Saguenay comme un sérieux test pour notre collectivité.

D'abord un test de crédibilité pour le maire Jean Tremblay. Dès 2005, il a perverti le débat en imposant une approche étroitement financière à un dossier culturel majeur. Depuis, il a utilisé des tactiques mesquines pour discréditer les partisans d'une nouvelle salle de spectacle, et pire, il a commandé des études pour le moins douteuses et controversées pour imposer son point de vue et manipuler l'opinion publique. Un triste spectacle indigne de sa fonction. Il doit se ressaisir, délaisser son attitude négative et s'assurer de la qualité du débat, ...ou se retirer silencieusement dans la neutralité.

Un test également pour les conseillers municipaux; ceux de l'arrondissement Chicoutimi, englués dans une impotence démocratique qui dessert leur milieu ; ceux de l'arrondissement de Jonquière et de La Baie, dont on attend toujours la démonstration qu'ils peuvent s'élever au-dessus de leurs lobbies locaux et reconnaître le leadership économique et culturel du principal arrondissement de la ville. Le nom de la ville, Saguenay, ne doit pas être le refuge au déni de l'évidence, à savoir que le centre névralgique de la ville demeure chicoutimien. Nier ses forces, c'est s'affaiblir.

Un test de lucidité pour les autres diffuseurs que sont les gestionnaires du Théâtre du Palais municipal, du Théâtre Palace, de la salle Pierrette-Gaudreault et de la salle François Brassard. Depuis une quinzaine d'années, toutes les études ont démontré la nécessité d'une nouvelle salle de spectacle d'au moins 1000 places dans le centre-ville, dotée des infrastructures et des équipements à la hauteur des exigences du milieu. Plusieurs villes du Québec ont investi dans des salles multifonctionnelles de calibre professionnel et dans tous les cas l'effet d'entraînement sur l'activité culturelle et le développement urbain est au rendez-vous.

Un test de vision tout autant pour nos leaders économiques et institutionnels qui doivent avoir le courage d'intervenir plus fermement et dépasser la crainte de voir leurs intérêts particuliers récupérés par les jeux de coulisses de la petite politique. Faut-il leur rappeler qu'à l'heure de la mondialisation, les villes et les régions qui se développent sont celles qui accueillent et retiennent des personnes qualifiées qui sont attirées par la qualité de vie urbaine, dont la culture demeure un élément essentiel. À cet égard, les $26 millions qui seraient investis dans le complexe culturel seraient durablement plus rentables pour le milieu et les citoyens que les $45 millions dépensés pour attirer à La Baie une douzaine de fois par année des étrangers ayant grassement payé un tout inclus sur un palais flottant.

Un test de maturité finalement pour une partie de la population saguenéenne, encore trop vulnérable aux accents d'un discours passéiste et encore trop imprégnée des relents d'un conservatisme culturel. Dans une région où le renouvellement de la main d'oeuvre est prioritaire en raison du vieillissement accélérée, le rajeunissement de la population active est une condition sine qua non pour y parvenir. Les nouvelles générations sont éduquées, voyagent beaucoup, sont ouvertes sur le monde et ont accès, grâce aux nouveaux médias et aux réseaux sociaux, à la richesse et à la variété de la production culturelle. Si leur milieu de vie ne leur offre pas l'opportunité d'entrer en contact direct avec cet univers et d'avoir le sentiment d'en faire partie, il iront là où il se trouve. Ailleurs.

Espérons que le débat sur la salle de spectacle ne leur en donnera pas une raison supplémentaire.

mercredi 3 mars 2010

Quand le coupable accuse les victimes

La réaction de Jean Tremblay à la manifestation dénonçant l'exécution du Théâtre du Saguenay était à la hauteur de sa petitesse politique: accuser les victimes de s'être fait avoir alors que c'est lui le coupable. Ceux et celles, et ils sont quand même nombreux, qui n'avaient pas été confrontés directement au style abrasif et machiavélique du maire comprennent mieux, on s'en doute, qu'ils ont affaire à un redoutable adversaire.

D'abord par son style et ses convictions personnelles. Dans notre région conservatrice et catholique, toujours nostalgique de la prospérité de son passé, Jean Tremblay incarne la tradition et la sécurité, une réputation qu'il entretient en projetant une image de vertu et de défenseur du peuple. Jusqu'à justifier son action politique radicale par un prosélytisme catholique digne de la droite extrémiste. En réalité, M. Tremblay est l'image même du pharisien de la parabole dans sa manifestation ostentatoire et hypocrite de vertu et de piété. Il considère sa fonction comme si son élection lui accordait quelque droit divin de gouverner.

D'où son extrémisme carnassier envers ceux qui le contredisent et son radicalisme dans sa gestion administrative. Il s'agit là bien sûr d'un détournement de démocratie qui ne peut se maintenir que par les pouvoirs énormes que donnent à un maire ambitieux et avide la Loi des cités et villes et la Charte de la ville. Lorsque l'élu décide de centraliser le pouvoir en asservissant les conseillers et la fonction publique par le menace et la répression, le climat d'omerta qui s'installe étouffe le débat politique et la vie démocratique.

Une fois bien en place, pareil régime politique jouit de tous les outils financiers, administratifs et légaux pour imposer sa volonté dans la majorité des dossiers municipaux, avec la complicité tacite des lobbies affamés qui grouillent et grenouillent à travers les firmes d'ingénierie, d'avocats, et d'entrepreneurs de toute catégorie.

On le sait, tout comme la vanité et l'envie, l'orgueil est un vilain péché. Le maire lui ne le sait pas encore. Son orgueil monstrueux brouille sa conscience et l'empêche de distinguer le bien et le mal. Il croit dur comme fer incarner le bien... et bons pour l'enfer les suppôts du mal que sont ses adversaires. Attention monsieur le maire. Jésus, un expert en psychologie des profondeurs, nous a bien avertis. On récolte ce que l'on sème. Il me semble que vous êtes enclin à projeter chez les autres ce que vous êtes vous-mêmes.

lundi 15 février 2010

Le roi est nu

Quatre mois à peine après sa plus éclatante victoire électorale, le maire Jean Tremblay traverse la période la plus difficile depuis son entrée en politique. De toutes parts resurgissent en effet de sérieux doutes sur la probité de sa gestion et des inquiétudes légitimes envers ses capacités de relever les défis de sa fonction. Cette fois, les questionnements ne proviennent pas uniquement des opposants historiques qui n'étaient pas parvenus d'ailleurs à proposer une vision crédible aux citoyens ni documenter leurs critiques contre l'administration municipale.

Même s'ils étaient bien intentionnés les opposants ont trop souvent adoptés des tactiques à courte vue qui ont finalement profité au maire en assurant ses appuis électoraux. La promesse électorale du candidat Michel Potvin de baisser les taxes l'a d'ailleurs illustré éloquemment. Pour ne pas répéter les mêmes erreurs, il faudra manifestement que le renouveau politique ratisse plus large dans son action militante et puisse davantage mobiliser les forces vives de la communauté.

Les critiques envers le maire apparaissent désormais plus générales, sérieuses et fondées, tout comme sont graves et nombreuses les charges démocratiques contre lui: silence électoral machiavélique devant l'inévitabilité et l'importance de la hausse de taxes, choix budgétaires inexpliqués et inexplicables, coûteuse fuite en avant judiciaire dans les dossiers de l'évaluation municipale et le congédiement de Bertrand Girard, guerre orgueilleuse et enfantine contre la Maison de la presse, absence de transparence dans l'affectation des derniers publics à Promotion Saguenay, manoeuvres antidémocratiques dans le choix des investissements municipaux, jeux de coulisses obscurs dans les dossiers de la salle de spectacle et de l'Opéra, imposition de la fluoration de l'eau potable, déclarations irrespectueuses contre des citoyens et des organismes légitimement impliqués dans des débats municipaux, etc, etc. Et enfin, surtout peut-être, absence complète d'une proposition politique qui pourrait inspirer les citoyens pour l'avenir de leur ville.

Tout se passe comme si, après un campagne électorale terne, sans éclat, la prétention égocentrique du vainqueur apparaissait dans sa triste réalité. Le roi est seul retiré dans la chambre du pouvoir, sollicité par des courtisans qui attendent servilement dans la basse-cour, coupé du peuple, trop occupé à surveiller ses ennemis. Mais cette fois, les bruits de la révolte ne viennent pas principalement de l'opposition habituelle. Le peuple semble voir plus clair. Il discerne mieux apparemment que le roi est nu dans son désert démocratique. On entend monter une certaine clameur qui annonce le ras-le-bol populaire. Va-t-elle s'amplifier ? Rien n'est moins sûr évidemment. Les intérêts locaux et particuliers sont nombreux, différents, souvent divergents, le pouvoir chuchote, l'argent parle, les murs ont des oreilles... Mais finalement, là n'est pas la question essentielle, le défi principal.

L'essentiel, c'est de voir clair, dans la connaissance que les choses peuvent changer et la conscience qu'elles doivent changer.
L'essentiel, c'est de dégager une vision de notre ville qui tend vers une meilleure qualité de vie pour ses habitants, dans un aménagement urbain où seront privilégiés la culture, l'habitation, les lieux publics, la convivialité, les valeurs d'humanité. Le développement économique suivra inévitablement, car il sera la conséquence et l'expression de notre talent, de notre inventivité, de notre créativité, de nos forces.

jeudi 14 janvier 2010

L'énigme de toujours

Quel est ce drame haïtien, ce destin si noir, cette énigme de toujours ? Quel énigmatique retour pour Dany Laferrière, comme un rendez-vous avec le cauchemar mythique de son peuple, poursuivi par le mauvais sort que lui aurait jeté quelque pratique vaudou. D'où vient ce karma diabolique de cette merveille des Antilles dont les plus belles perles scintillent dans une diaspora réfugiée dans sa douce nostalgie ? Comment la patrie peut-elle se réincarner dans ce terrible terreau maternel alors que les bras de ces mères dépossédées de leurs fils perdus, morts, exilés, peinent dans les décombres d'un passé duvaliérien ? Comment cette résignation silencieuse peut-elle se nourrir des explosions débridées de colère lorsque les ventres sont gonflés par l'indigence chronique ? Comment la charité des nations adoucira-t-elle la malchance haïtienne ? Comment la douloureuse chair à vif aiguillonnera-t-elle la conscience en crise ?

Je rêve de la fin du cauchemar. Le drame est purgé de ses détritus karmiques. J'aperçois l'esprit lumineux qui plane et je vois la diaspora révoltée déposer sa flamme sur le front ceint des enfants de l'avenir. Oui je rêve à l'énigme du retour...