vendredi 29 octobre 2010

Le pouvoir et la souveraineté

Quoiqu'on dise, quoiqu'on fasse, comme l'a déclaré en substance dans des circonstances solennelles Robert Bourassa à l'Assemblée nationale au lendemain de l'échec historique du Lac Meech, le Québec, aujourd'hui et pour toujours, est une nation distincte, libre de ses choix, capable d'assumer son destin.

Dans l'histoire moderne, cette liberté de choix s'est exercée pour les Québécois à deux reprises. En 1980 sous Lévesque et en 1995 sous Jacques Parizeau.

Dans les deux cas, porté par la force charismatique de ses leaders, le Parti Québécois avait pris le pouvoir après avoir présenté clairement en campagne électorale le projet du pays, le parcours qui devait mener au référendum et les implications d'un vote positif. Dans les deux cas, l'échec du référendum n'empêcha pas le PQ de conserver le pouvoir à l'élection suivante grâce à ses leaders (Lévesque en 1981 et Bouchard en 1998) et aussi grâce à la tradition politique des deux mandats.

Par contre, le PQ, sous PIerre-Marc Johnson en 1985 et Bernard Landry en 2003, a échappé le pouvoir après avoir remplacé des premiers ministres démissionnaires et s'être "enfargé" après coup dans des pirouettes sémantiques pour ne pas affronter "sa question qui tue", la raison de son existence, la souveraineté. La défaite qui a suivi à chaque fois a provoqué des crises internes au sein du parti. À l'évidence, celle qui secoue le PQ depuis le départ irréfléchi de Bernard Landry est profonde, existentielle même.

On croyait que l'arrivée d'André Boisclair annonçait le retour du balancier souverainiste et l'éventualité d'un référendum. C'était sans compter les dissensions profondes au sein du parti qu'avait d'ailleurs exacerbé la vanité de Bernard Landry. La campagne électorale fut un fiasco. Depuis, le PQ de Pauline Marois jongle plus que jamais avec les mots et recycle l'étapisme pour éviter que la promotion de son option fondamentale nuise à ses chances de reprendre le pouvoir. Les sondages récents montrent qu'il est loin d'en être assuré, et qu'il risque de perdre sur tous les plans.

C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre l'intervention lucide de Jacques Parizeau, qui rappelle que les principaux défis ne sont pas du côté de la sémantique ou de la stratégie partisane, mais portent plutôt sur la clarté, la rigueur et l'engagement dans la cause de la souveraineté. Il faut proposer un projet, présenter une démarche et l'expliquer en campagne électorale. Voilà la marche à suivre si on veut réconcilier l'option souverainiste et la recherche du pouvoir. Quitte à s'y essayer quelques fois et à changer de leader pour enfin y parvenir.

Quoiqu'on dise, quoiqu'on fasse, a-t-on la volonté d'être ce qu'on est et la force pour l'assumer ? Sinon, il y aura bien de la place pour d'autres partis, d'autres options. Chacun pourra choisir entre son engagement et sa carrière.

jeudi 14 octobre 2010

Pouvoir, démocratie et vanité

Le solide dossier noir de l’information municipale que vient de rendre public la section régionale de la FPJQ démontre hors de tout doute que le maire de Saguenay outrepasse ses fonctions démocratiques en exerçant le pouvoir d’une manière qui a toutes les formes du potentat (réf. personne qui use de son pouvoir de façon despotique; tyran).

En gros, Jean Tremblay soutient qu’il n’a de comptes à rendre qu’aux citoyens lors des rendez-vous électoraux. Entre-temps, il impose son pouvoir à la démocratie municipale en évacuant tout débat public et organisé qui questionnerait le sens, la pertinence et la portée de ses décisions. Quoiqu’il puisse en dire, ce système de gouvernance dessert les intérêts fondamentaux de la ville.

Le maire multiplie les sophismes pour nous convaincre du contraire. Un de ses plus efficaces porte sur le concept d’opposition qu’il a réussi à introduire dans l’opinion publique, en utilisant d’ailleurs abondamment les médias pour y arriver. Ainsi, quiconque, groupe, organisme ou citoyen, qui questionne, remet en cause ou critique l’administration municipale devient un « opposant », un adversaire, un ennemi du bien commun incarné dans sa toute puissance. Tout questionnement, toute critique devient alors une manifestation d’opposition, une attaque intentionnelle et personnelle contre le maire lui-même.

À cet égard, le rapport de la FPJQ déborde largement la question, évidemment cruciale sur le plan démocratique, du droit du public à une information juste, complète et accessible. Pour ceux et celles qui ne pouvaient ou ne voulaient pas voir, il jette aussi un éclairage cru mais combien révélateur sur le type d’administration qui gouverne Saguenay. Nous sommes en présence d’un système de gouvernance basé sur l’exercice d’un pouvoir totalitaire, qui utilise abondamment la désinformation, l’omerta, le chantage, la menace et la poursuite judiciaire. Un système qui utilise aussi systématiquement et abondamment les ressources publiques pour soumettre les conseillers, s’allier des complices et forcer les leaders socio-économiques à faire patte blanche s’ils veulent accéder au pactole.

Depuis la création de Saguenay, ce système de gouvernance s’est bien enraciné dans l’administration municipale. Même si les citoyens sont favorisés par une taxation foncière qui profite largement des commerces et de la grande entreprise, l’administration Tremblay a créé Promotion Saguenay, son bras économique, indépendant du conseil municipal, afin d’harnacher d’énormes fonds publics vers des projets qui satisfont les fantasmes d’apprentis développeurs, plus englués dans leur vanité que soucieux de l’intérêt public.

Avec comme résultat que Saguenay est la ville de 100,000 habitants et plus qui dépense le moins per capita ($400) pour ses services aux citoyens. Les millions sont ailleurs, politiquement blanchis par le messie municipal.