mercredi 14 septembre 2011

Forcer la communication

Nous vivons dans une société qui encourage de plus en plus un individualisme réducteur, le chacun pour soi, qui valorise l’égocentrisme sous le couvert de la valorisation personnelle. Cette tare contemporaine est largement répandue dans bien des secteurs sociaux, bien alimentée par les mass média et la publicité qui conditionnent les mentalités à la société de consommation. On voit même apparaître de savantes théories dans le domaine de l’éducation, de la santé, de la culture et de la politique qui, avec des mots très spécialisés, justifient la mise en place de lois, de règles et de structures qui servent d’abord les intérêts financiers ou particuliers de compagnies, de corporations ou de groupes organisés. De plus en plus de spécialistes dans un nombre croissant de domaines donnent de plus en plus de services dans une société de plus en plus réglementée, compartimentée. Chacun dans son petit rôle, sa fonction, sa spécialité, au service du citoyen impotent, ce consommateur, ce bénéficiaire, ce client, ce numéro. Quand vient le temps de résoudre collectivement les paradoxes et les problèmes de la société qu’on pousse à grand frais vers la déshumanisation et l’égocentrisme de la consommation, les groupes d’intérêt de tout acabit s’emparent de la tribune des médias et dictent la communication publique. Les experts entonnent le chant cacophonique de la diversion pour défendre leurs intérêts en prônant le bien collectif. Pendant ce temps, le bon sens agonise dans la vie quotidienne du peuple, qu’on maintient dans la dépendance en cultivant son ignorance.

Voilà pourquoi, il faut provoquer la communication, car elle est l’instrument premier de la catharsis individuelle et collective. La communication force le besoin criant de mise en commun, de mise en relation, brise l’isolement, crée un pont entre les solitudes, prépare la solidarité. La communication informe, éclaire, nourrit, renforce, renouvelle, rend plus libre. Créer la communication, c’est mettre en situation, remettre en question, amener l’ouverture, aider, aimer.