lundi 15 février 2010

Le roi est nu

Quatre mois à peine après sa plus éclatante victoire électorale, le maire Jean Tremblay traverse la période la plus difficile depuis son entrée en politique. De toutes parts resurgissent en effet de sérieux doutes sur la probité de sa gestion et des inquiétudes légitimes envers ses capacités de relever les défis de sa fonction. Cette fois, les questionnements ne proviennent pas uniquement des opposants historiques qui n'étaient pas parvenus d'ailleurs à proposer une vision crédible aux citoyens ni documenter leurs critiques contre l'administration municipale.

Même s'ils étaient bien intentionnés les opposants ont trop souvent adoptés des tactiques à courte vue qui ont finalement profité au maire en assurant ses appuis électoraux. La promesse électorale du candidat Michel Potvin de baisser les taxes l'a d'ailleurs illustré éloquemment. Pour ne pas répéter les mêmes erreurs, il faudra manifestement que le renouveau politique ratisse plus large dans son action militante et puisse davantage mobiliser les forces vives de la communauté.

Les critiques envers le maire apparaissent désormais plus générales, sérieuses et fondées, tout comme sont graves et nombreuses les charges démocratiques contre lui: silence électoral machiavélique devant l'inévitabilité et l'importance de la hausse de taxes, choix budgétaires inexpliqués et inexplicables, coûteuse fuite en avant judiciaire dans les dossiers de l'évaluation municipale et le congédiement de Bertrand Girard, guerre orgueilleuse et enfantine contre la Maison de la presse, absence de transparence dans l'affectation des derniers publics à Promotion Saguenay, manoeuvres antidémocratiques dans le choix des investissements municipaux, jeux de coulisses obscurs dans les dossiers de la salle de spectacle et de l'Opéra, imposition de la fluoration de l'eau potable, déclarations irrespectueuses contre des citoyens et des organismes légitimement impliqués dans des débats municipaux, etc, etc. Et enfin, surtout peut-être, absence complète d'une proposition politique qui pourrait inspirer les citoyens pour l'avenir de leur ville.

Tout se passe comme si, après un campagne électorale terne, sans éclat, la prétention égocentrique du vainqueur apparaissait dans sa triste réalité. Le roi est seul retiré dans la chambre du pouvoir, sollicité par des courtisans qui attendent servilement dans la basse-cour, coupé du peuple, trop occupé à surveiller ses ennemis. Mais cette fois, les bruits de la révolte ne viennent pas principalement de l'opposition habituelle. Le peuple semble voir plus clair. Il discerne mieux apparemment que le roi est nu dans son désert démocratique. On entend monter une certaine clameur qui annonce le ras-le-bol populaire. Va-t-elle s'amplifier ? Rien n'est moins sûr évidemment. Les intérêts locaux et particuliers sont nombreux, différents, souvent divergents, le pouvoir chuchote, l'argent parle, les murs ont des oreilles... Mais finalement, là n'est pas la question essentielle, le défi principal.

L'essentiel, c'est de voir clair, dans la connaissance que les choses peuvent changer et la conscience qu'elles doivent changer.
L'essentiel, c'est de dégager une vision de notre ville qui tend vers une meilleure qualité de vie pour ses habitants, dans un aménagement urbain où seront privilégiés la culture, l'habitation, les lieux publics, la convivialité, les valeurs d'humanité. Le développement économique suivra inévitablement, car il sera la conséquence et l'expression de notre talent, de notre inventivité, de notre créativité, de nos forces.