mercredi 18 novembre 2009

SAGUENAY UNE VILLE EXCEPTIONNELLE

Saguenay est certainement la seule des grandes villes du Québec où le maire, bien qu’il ait été reconnu responsable par un juge d’actions illégales dans l’exercice de ses fonctions, peut impunément se maintenir au pouvoir en utilisant sans retenue les armes juridiques financées par ses concitoyens.

On pourra continuer de faire état de la personnalité particulière du maire, de son populisme efficace, de son style attachant, il n’en demeure pas moins qu’à la lumière des jugements de la Cour supérieure et de la Cour d’appel (dans le cas de BTF), on peut désormais qualifier le maire de coupable de délit politique.

Les causes qui expliquent selon moi la puissance et l’immunité du maire sont plus profondes et inquiétantes que les particularités du personnage lui-même. Car elles minent le terreau démocratique et contaminent le tissu social de la ville elle-même.

Le terreau démocratique de la ville est comme un désert. On le constate dans l’impotence des conseillers municipaux. Bien que représentant la diversité de la population et la variété des milieux de vie, ils sont incapables de penser et de représenter la ville autrement qu’à travers les clivages et les limites de leur quartier, au mieux de leur arrondissement. Pendant qu’on les laisse fanfaronner avec leur budget de dépenses et gérer à la petite semaine, le cabinet du maire –omniprésent- s’occupe des « vrais » dossiers avec la complicité d’un exécutif docile. Pourtant, les élus ont la légitimité populaire et le pouvoir politique d’imposer une vie démocratique. Ils ont la responsabilité de faire fonctionner le conseil municipal ainsi que La Loi des cités et villes les y oblige. Peut-on espérer que le nouveau conseil municipal s’y applique ?

Il y a plus. Le régime quasi dictatorial pervertit le tissu social. Rares sont ceux qui osent remettre en question cette chape de plomb qui étouffe la démocratie, car ils savent qu’ils seront la cible d’un système basé sur le chantage et le dénigrement.

En fait, cette ville qu’on appelle Saguenay n’existe pas si ce n’est sous sa forme administrative. Cette ville n’a pas encore de culture urbaine dans le sens collectif du terme. Ses élites, ses leaders pratiquent le déni dans un climat d’oppression. Ils refusent de confronter publiquement les défis du présent. Ils évitent conséquemment de remettre en question les travers et de débusquer les tares qui alourdissent le milieu et empêchent la ville de prendre son envol.

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